Questions aux Politiques : Jordan Bardella
Par le collectif Les Voies - Amandine ROGEON et Alexandra LAFFITTE
Le collectif Les Voies, créé en novembre 2023, réalise un travail d’analyse en droit comparé basé sur l’application d’une méthodologie simple et éprouvée, celle de la clause de la Nation la plus favorisée, afin que les droits les plus progressistes adoptés par chacun des Etats membres profitent à tous les citoyennes et citoyens de l’Union européenne.
Abstention & Emmanuel Macron
Monsieur Bardella, vous avez très clairement désigné deux adversaires lors de votre meeting de Marseille, l’abstention et Emmanuel Macron. Quelle est votre stratégie pour amener les français à voter lors de cette élection ? Ne pensez-vous que la nationalisation des élections européennes ait un effet contreproductif sur les abstentionnistes qui ne se sentiraient finalement pas concernés par des élections supra nationales ? Êtes-vous d’accord pour transformer ces élections européennes en référendum sanctionnant la politique du Président Emmanuel Macron ? Qu’attendez-vous de ces élections qui auront lieu à mi-mandat ? Il s’agit avant tout d’élire les représentants de la France et surtout du peuple français au Parlement européen, comment les résultats des élections pourraient-ils infléchir la politique intérieure française menée par le Président de la République ?
Confiance en l’Union européenne
Selon le dernier Eurobaromètre publié à l’automne 2023, on retient que les Français sont 36% à avoir une image très positive de l’UE, 40% à en avoir une image neutre, et 23% à en avoir une image négative et que les français interrogés considèrent à 70 % que la France a tiré un bénéfice de son appartenance à l’Union européenne. Comment peut-on expliquer ces résultats ? Est-ce lié au rôle que jouent les Etats membres au sein des institutions européennes et en particulier la France, en tant que cheffe de file sur des sujets prioritaires comme la défense, le nucléaire ou l’environnement ? Devons-nous être fiers de tels scores ou au contraire nous alarmer ?
Représentation des Français et de la Nation
Le Conseil de l’Union européenne, également connu sous le nom de Conseil des ministres, regroupe les représentants des États membres pour débattre et adopter les législations européennes.
Le Conseil européen réunit les chefs d’État ou de gouvernement des États membres pour définir les orientations et les priorités politiques générales de l’Union européenne.
Le Parlement européen concentre les 705 députés élus au sein des États membres et représente directement les 450 millions de citoyens européens. Le Parlement européen a un pouvoir de codécision avec le Conseil dans de nombreux domaines législatifs et participe activement à la création des lois européennes.
La Commission européenne, qui réunit 27 commissaires représentant chacun leur pays, est chargée de proposer et de mettre en œuvre les politiques de l’UE, mais ses propositions doivent être approuvées par le Conseil et le Parlement européen, où siègent les représentants des États membres.
Considérez-vous que le poids des États membres dans les institutions européennes soit aujourd’hui symbolique ? Faut-il remettre en cause le principe de souveraineté partagée sur lequel l’Union européenne s’est construite depuis le traité de Rome de 1957 ?
Comment renforcer le rôle de la France dans le cadre de la prise de décision et la construction des politiques publiques européennes (Conseil de l’Union européenne, Conseil européen, Commission européenne…) ?
Les Européens sont 53 %, et les Français 50% à souhaiter que le Parlement européen joue un rôle plus important, une opinion majoritaire dans 21 États membres. Quel est votre avis ? Faut-il aujourd’hui renforcer le rôle politique et décisionnaire du Parlement européen parmi les institutions. Si oui, comment associer les peuples qui composent l’Union européenne ? Une modification des traités serait alors nécessaire, saisiriez-vous cette occasion pour renforcer les libertés des Français ?
Pacte vert et Pacte migratoire : vos piliers, vos batailles
Face à l’écologie dite punitive, vous proposez une écologie positive qui cesserait d’opposer la préservation de l’environnement à la protection du pouvoir d’achat des Français et qui permettrait de sauvegarder une la puissance productive alimentaire française. Marine Le Pen, dans son programme de 2022 estimait que « les lourdeurs et les aberrations de la politique agricole commune (PAC) avaient provoqué une prise de conscience se traduisant concrètement par la création de plans stratégiques nationaux, lesquels allaient permettre dès 2023 à la France de définir partiellement ses priorités en matière de politique agricole ». Cette évolution de la PAC permet ainsi aux États, de façon volontaire, de reprendre en main le destin de leur agriculture trop souvent victime des aléas climatiques auxquels nous faisons face. Quelles sont les grandes mesures de votre programme de 2024 qui s’inscrivent dans cette optique ?
La Commission européenne est responsable de la politique commerciale des 27 Etats membres, pour accompagner les entrepreneurs européens à investir et accroître leurs échanges, pour faire face à la paralysie de l’Organisation mondiale du commerce et pour contrer le virage protectionniste pris par certains Etats. Pour les accords à compétence exclusive (les plus simples) les Etats membres de l’Union se mettent d’accord à la majorité qualifiée (au moins 55 % des Etats représentant 65 % de la population européenne, pour les accords mixtes, à cheval sur certaines compétences des Etats membres, les 27 doivent se mettre d’accord à l’unanimité. Cela a permis à la France de refuser de ratifier l’accord avec le Mercosur en l’état, estimant qu’il ne contenait pas assez de garanties, notamment environnementales. Considérez-vous que les traités de libre-échange sont négociés par la seule Union Européenne sans prendre en compte les instructions précises de négociation et les lignes rouges à ne pas franchir déterminées par les Etats membres ? Comment les traités de libre-échange pourraient permettre à la France de rééquilibrer sa balance commerciale, en profitant également aux agriculteurs français via l’exception agriculturelle par exemple ?
Immigration Le 20 décembre 2023, les Etats membres se mettaient d’accord sur les principes directeurs du nouveau pacte sur la migration et l’asile (son adoption étant prévue en avril 2024) pour assouplir les modalités de contribution des États-Membres en termes de solidarité intra-européenne, créer une base de données biométriques de fichage et gérer la question de « l’instrumentalisation des migrants ». Quels points bloquants relevez-vous ? Une réponse européenne concernant la répartition des demandeurs d’asile, comme le promeut la Ligue Italienne, pourrait selon-vous constituer un début de réponse à la crise migratoire ?
Avortement Le Rassemblement National a largement participé à faire adopter le projet de loi constitutionnelle relatif à la liberté de recourir à l’interruption volontaire de grossesse le 4 mars dernier, 46 votes pour, 11 votes contre et 20 abstentions. Seriez-vous favorable à l’inscription de la liberté de recourir à l’avortement dans la Charte des droits fondamentaux, sur le même modèle que la constitutionnalisation de la liberté de recourir à l’avortement en France ? Que pensez-vous de la décision du tribunal constitutionnel Polonais du 22 octobre 2020 interdisant les avortements en cas de malformation du fœtus ? Sachant que cette situation représentait plus de 90% des motifs de recours à l’IVG dans le pays.
Campagne Ne regrettez-vous pas d’avoir fait l’impasse sur le premier débat télévisé consacré aux élections européennes, ce qui vous aurait permis de défendre votre projet, à l’instar de l’ensemble des têtes de listes présentes ? Considérez-vous que votre représentant Thierry Mariani ait parfaitement relayé vos propres convictions à la faveur de ce rendez-vous ?